Sucreries cinghalaises et tamoules du Nouvel An au Sri Lanka
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Voyage au Rajasthan
Daniel et Chantal nous racontent ici l’Inde du Rajasthan, telle qui l’ont connue : un voyage itinérant à la découvrte d’une culture riche et contrastée, parfois déroutantemais toujours émouvante. Merci à eux pour ce témoignage et à Laura qui a organisé leur voyage au Rajasthan.
Je le confesse, avant d’y partir le mot Rajasthan évoquait surtout pour moi l’image d’un prince enturbanné partant se divertir à la chasse au tigre à dos d’éléphant avant de revenir dans sa Rolls vers son palais de marbre. J’avais à moitié faux… on n’a pas vu de Rolls ni de tigre ni de prince, par contre il reste des turbans, des éléphants et des palais en marbre.
Première surprise, l’Inde et particulièrement cette région, ce n’est pas l’hindouïsme. Les vagues d’invasion successives ont forgé une société où les cultures sont en quelques sortes stratifiées et dont les influences se mêlent harmonieusement : Rajpoutes, Moghols, Anglais ont chacun apporté leur pierre aux édifices. Nos premières visites ont ainsi été à Delhi pour le Qutb Minar et le mausolée d’Humayun, de grandioses monuments musulmans.
Ranakpur
Pour un occidental habitué à la munificence des cathédrales gothiques, la visite des grands temples reste un émerveillement. Le temple jaïn de Ranakpur, par exemple, avec son extraordinaire alignement de plus de 1000 colonnes de marbre finement sculptées n’a rien à envier aux plus baroques monuments catholiques. Mais en parallèle, et bien plus que dans nos églises de village, la religion est partout visible dans une infinité de petits temples très modestes, dédiés à une divinité ou une autre, dont la statue bricolée entourée de bougies est accompagnée de quelques billets en offrande. Elle est aussi visible, à la fois discrète et publique dans les ablutions matinales rituelles, au bas des Ghat de Pushkar, où les femmes en sari partagent l’accès aux bassins avec les innombrables vaches.
Les vaches, bien sûr, on sait en arrivant en Inde qu’on en verra partout. Mais alors, partout. Dans les rues, où elles fouinent dans les tas de détritus dont on peut penser qu’ils sont laissés là pour elles, dans les escaliers, au milieu des voies des highways où les voitures attentives les frôlent sans les déranger.
Ca surprend, au début, cette promiscuité sans heurts avec les animaux sur la route. Puis on réalise qu’en Inde, la rue, la route appartiennent à tout le monde. On y roule, on y marche, on y mange, on y discute, on y dort sans doute aussi, on y vend, on y côtoie des animaux divers qui broutent les terre-pleins, y ruminent et y dorment, on y croise et on y double des véhicules divers, facilement à contre-sens, voitures, vélos et tricycles, camions, bus et d’innombrables deux-roues ou trois-roues à moteur (rickshaws et petites motos) souvent surchargés. Il n’est pas rare de voir dans un tuk-tuk prévu pour 4 jusqu’à 10 personnes entassées. Ou toute une famille sur une 125, immuablement répartis comme suit : monsieur conduit, madame est assise en amazone derrière, un enfant est coincé entre eux deux et le plus jeune est sur le réservoir, agrippé aux rétroviseurs.
Les deux-roues à moteur semblent être le symbole de l’appartenance à une classe moyenne, plus abondante en nombre que l’extrême pauvreté. On ne peut pas faire abstraction en Inde du spectacle de la misère mais les bidonvilles, les bâches tendues sur quelques cartons ont l’air rares au Rajasthan, où la terre paraît fertile. Il reste une foule de gens pauvres, vivant autant dans des logements minuscules que dans la rue qui les borde, mais pas une impression d’absolu dénuement.
Jodhpur
On ne peut pas partir au Rajasthan pour juste visiter des vieilles pierres. Plus qu’ailleurs, l’Inde est d’abord un pays d’humains. Ce sont les Indiens/Hindous qui font l’Inde, pas l’histoire de ce pays ; et si on revient de ce voyage avec des photos de lieux, on en revient aussi avec des souvenirs de rencontres. C’est le guide local, fier de nous exposer son cursus qui l’a amené à Pondichéry pour y étudier le français et qu’on sent heureux de pouvoir pratiquer cette langue avec nous. C’est le chauffeur sikh, immuablement serein dans les embouteillages d’enfer, qui un soir à Pushkar nous rejoint pour déambuler avec nous dans les rues et nous emmène visiter un temple sikh. Ce sont les enfants Bishnoï fous de joie devant l’appareil photo, et que je vais mitrailler pendant une heure rien que pour leur montrer le cliché sur l’écran arrière. Ou cet homme qui m’arrête dans le rue pour je le prenne en photo avec son fils – avec mon appareil, juste pour le plaisir de se savoir immortalisé quelque part avec son héritier. Ou ces femmes en saris flamboyants alignées dans les champs en train de biner – mais comment avec autant de saleté alentour les femmes indiennes parviennent-elles à rester toujours impeccables ?
C’est aussi la mamie du train de montagne… Le tortillard qui relie deux villages de montagne près de Jojawar est principalement emprunté par les habitants des villages. Mais ce jour-là nous étions 4 Français, dont trois femmes, assis sur le banc de bois d’un compartiment, face à une famille indienne et deux femmes âgées. Au bout de 5 minutes, l’une d’elle allume un joint qu’elle tête pendant une minute et subitement, l’atmosphère change. Des grands sourires apparaissent, elle se penche en avant et commence à discuter avec insistance avec un Indien qui sert d’interprète ; elle se demande si je suis marié avec les trois femmes… et pourquoi non… et si les autres ont un bon mari… plus le temps passe, plus les rires fusent, la famille indienne se déride et on termine le voyage saris retroussés, à comparer les ceintures de bijoux et les bracelets… Tout comme la rue, le train appartient à tout le monde.
Reste que les palais, les forts, les monuments aussi ont leur charme. Formidables et mégalos comme le fort d’Amber près de Jaipur ou le fort qui domine Jodhpur, ils sont souvent richement sculptés et font étalage du luxe dans lequel vivaient les Louis XIV de là-bas. L’autocratie de cette époque transparaît d’ailleurs hors des palais quand on réalise que la splendide couleur bleue de la ville de Jodhpur n’est que le résultat de la décision du potentat local pour accueillir avec faste un autre potentat… Le luxe, lui, se perçoit encore dans les haveli, ces anciennes demeures nobles reconverties en hôtels. Grandes pièces, meubles travaillés, vastes jardins, personnel pléthorique, il flotte là une ambiance à mi-chemin entre colonialisme et aristocratie.
Indienne
On découvre aussi, dans les palais, les quartiers des femmes, épouses régulières ou concubines, en se demandant un peu comment une société aussi inégalitaire, qu’il s’agisse des castes ou des rapports homme-femme, a pu perdurer si longtemps. Car si les jeunes Indiennes ont le sourire facile, rares sont celles qui s’émancipent au guidon d’un scooter et les femmes mariées restent couramment abritées derrière le voile coloré qui leur couvre la tête.
Un des nombreux mystères que garde l’Inde aux yeux du touriste occidental…
Daniel et Chantal Gannat
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