Célébrations : Galungan-Kuningan à Bali
Destination paradisiaque s’il en est, l’île indonésienne de Bali attire année après année les touristes du monde enti...
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Thierry Robinet vit en Indonésie depuis plus de quarante ans. Aventurier, tour leader, hôtelier, fixeur, écrivain, conteur d’histoires, Thierry est tout à la fois. Une source d’informations inépuisable sur l’Indonésie, ce pays dont il parle toujours avec autant de passion. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années pour créer ensemble un voyage d’exception à Sumatra : Mentawai et ses Hommes fleurs. Il nous fait l’honneur de répondre à nos questions, de nous raconter une partie de son histoire, et de son attachement pour l’ile de Siberut et ses Hommes fleurs.
J’ai débarqué sur l’ile de Sumatra en 1977, je travaillais pour une agence de voyage. J’ai rapidement découvert l’archipel des Mentawai, au large de Padang. Je suis parti en exploration sur la grande ile de Siberut où j’ai rencontré un peuple fantastique, les « Hommes fleurs », se nourrissant des richesses de la forêt et se soignant selon des rituels chamaniques. Je me suis pris de passion pour ses peuples premiers. Je suis devenu pionnier dans le tourisme d’aventure en créant des voyages sur Siberut, mais aussi en Sulawesi, sur les volcans de Java et ailleurs en Indonésie. Je suis ravi de partager mon expertise et de vous parler de cet endroit unique au monde.
J’aime toute l’Indonésie et beaucoup d’autres pays d’Asie, mais mon coup de coeur va pour Sumatra et Siberut avant tout. Peut-être parce que tout a commencé là-bas, lorsque depuis Padang en 1978, je suis parti explorer cette ile des Mentawai. Ma première rencontre sur place, je l’ai faite avec Teu Rochak. Je suis tombé sur le meilleur chamane de l’ile, un homme incroyable. Cette rencontre a été marquante, elle a en quelque sorte guidé toute ma vie dans ce pays. Puis au fil des années, mon ami chamane est devenu un véritable confident, j’ai entretenu des liens forts avec lui. Sans oublier le contact avec la nature, tellement puissant, la rencontre avec la grande forêt est addictive.
Les Occidentaux les ont surnommés les « Hommes fleurs » en raison de la fleur rouge d’hibiscus qu’ils mettent dans leurs cheveux. C’est une façon de se faire beau, pour que leurs corps séduisent leurs âmes. Ils arborent aussi de nombreux tatouages et portent un petit pagne en écorce d’arbre, le kabit. Ils vivent repliés dans la jungle dans de grandes maisons en bois communautaires, les Umas, construites sur pilotis. C’est un peuple pacifique qui vit en harmonie totale avec la nature. En fait, ils ne vivent pas dans la forêt mais grâce à elle et avec elle. Ils ont besoin de la forêt pour survivre. En échange, ils la vénèrent et la protègent à leur façon avec le culte et les cérémonies.
Dans leur société, il n’existe ni chefs ni esclaves, les femmes pêchent et les hommes chassent. C’est bien de rester plusieurs jours, pour s’immerger dans les familles. Vous passez du temps avec eux à fabriquer les flèches empoisonnées pour partir chasser. Vous préparez les repas à base de sagou avec les femmes. Et puis vous irez surement en forêt avec les chamanes, les sikerei, récolter des plantes. De retour au village, le chamane promulgue les soins avec ses concoctions lors de cérémonies où se mêlent danses et chants sacrés pour invoquer les esprits. La joie de vivre, la beauté, la fête et l’humour, voilà ce qui participe au quotidien très spirituel des Hommes fleurs.
Les Hommes fleurs sont adeptes du proverbe : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Ils vivent totalement retirés dans la jungle. La géographie finalement est une chance pour eux. Se trouver à 150 Km de la côte de Sumatra, dans la forêt équatoriale, leur a permis en quelque sorte de rester en marge. Les Hommes fleurs ont longtemps été persécutés par la dictature de Suharto (1965-1998). L’armée indonésienne souhaitait les sédentariser dans des villages « formels ». Depuis peu, on les laisse relativement tranquille. Leur avenir reste en danger, mais ce sont des rebelles, des résistants. Beaucoup n’ont jamais accepté qu’on les déplace et que la modernité les envahisse, d’autres sont retournés volontairement vivre dans la forêt. Pour lutter, ils perpétuent les gestes des ancêtres, poursuivent les activités quotidiennes, leur seule dépendance est reliée à leur précieuse forêt. Aujourd’hui, ils vivent encore dans leurs maisons traditionnelles, chassent toujours les cochons sauvages avec leurs arcs et leurs flèches. Toutefois, certains envoient leurs enfants à l’école, en se disant qu’une éducation les éclairera sur le besoin de protéger leur culture et leurs traditions. Depuis les années 2000, les quelques groupes de voyageurs par an se rendant chez les Hommes fleurs permettent de sauvegarder cette culture. S’ils disparaissent, plus aucun touriste n’ira aux Mentawai. Pour l’instant, cet équilibre fragile est préservé et l’expérience est toujours aussi authentique. Rares sont les voyageurs qui s’aventurent jusque-là. En Indonésie, tout le monde connait Bali mais Siberut…
Avec mon épouse, nous gérons deux petites maisons d’hôtes dans le Sud de Bali. En ce moment, j’écris mes mémoires. Après l’Indonésie et la Birmanie, je me lance sur l’Inde, un « gros morceau ». Je travaille de temps en temps pour la télévision française, je m’occupe de mes invités, de mon jardin et puis dès que je peux, je repars à Siberut !
Ecoutez Thierry Robinet sur les podcasts : Sur les Routes de l’Asie
Notre programme : Mentawaï & ses hommes-fleurs Propos recueillis par Sophie SQUILLACE
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